Ce message qui vient d’un Fortune cookie, se veut humoristique. À première vue, on pourrait se dire qu’il est un peu péremptoire, superficiel, voire brutal. Est-ce une injonction d’être toujours « premier » ou « meilleur » ? S’il existe un Premier, il existe forcément un deuxième, un cinquième et un millième. Ça nous évoque encore une exigence d’excellence. Les conseils d’experts abondent pour améliorer notre image, avoir un corps de rêve, gagner plus d’argent, ou se sentir bien car on doit se sentir épanoui dans toute situation. N’est-on pas fatigué de devoir correspondre à la norme ?
Pour se consoler, il reste « les derniers seront les premiers » ; cette belle maxime nous aide-t-elle ? Et c’est là que se situe la subtilité. Le « Premier » n’est pas accompagné de toujours. Il ne pleut pas continuellement et le soleil peut briller partout. Et si on est le Premier à l’instant T, on n’est pas forcément le meilleur. Meilleur implique un sentiment d’éternité que notre condition humaine rend impossible. Et puis il y a toujours meilleur que soi. La chance tourne. Certains diraient le karma !
Considéré sous un autre angle, le message de fortune cookie n’appellerait-il pas à une prise de distance avec la situation ? Relativiser, voilà un bon point de départ. « L’important est de participer » : gardons cette pensée en tête, car l’on apprend et l’on fait mieux, ne serait-ce que parce que notre courbe d’expérience monte. Et si on se donnait le droit d’agir différemment, de retrouver l’humain ? Retrouver la spontanéité, la curiosité, l’ouverture d’esprit de l’enfant en nous. Lâcher les exhortations, les sentiments hostiles envers soi-même et envers les autres. Voir au-delà des échecs et des réussites, avancer sans se forger une carapace, sans nous étouffer dans notre peur. Accepter notre sensibilité, cela demande du courage, mais ça nous permet de nous rencontrer, nous-même comme les autres. Finalement, pourquoi ne pas vivre hic et nunc ? Lorsque l’on est le Premier, le Meilleur, sachons accueillir les compliments. Ressentir de la fierté au meilleur moment de sa vie, exprimer sa reconnaissance et sa joie, c’est naturel, tout comme être dépité.
Ne pas se couper de ses émotions, c’est un grand pas vers soi-même.